1863. Sur La Revue Littéraire par Jean-Clet Martin
Par general, jeudi 23 février 2012 :: #1863 :: rss
Jean-Clet Martin nous fait l'honneur des STRASS DE LA PHILOSOPHIE à propos de la nouvelle formule de La Revue Littéraire (N° 52) :
"La revue littéraire publiée depuis bientôt dix ans aux éditions Léo Scheer nous présente sa nouvelle formule, inscrite essentiellement sous le signe de la variété, au sens que Valéry pouvait donner à ce terme pour dire la multiplicité des parcours et des approches dont un objet se montre capable -comme si les chemins de la pensée cessaient d'aller tout droit pour ouvrir davantage des bifurcations qui font le propre d'une véritable lecture.
La revue littéraire en ce sens est bien une vue mais dont l'image implique des points très différents, des hauteurs qui ne se recouvrent pas en nous fournissant les éléments les plus anguleux de la littérature, sachant qu'il n'y a pas de littéralité de la littérature et que cette dernière s'ouvre toujours au milieu, comme Don Quichotte dont le fil s'interrompt au milieu du "Chapitre huit" et dont le narrateur retrouve la suite du manuscrit pêle-mêle dans un vieux dépôt de papiers, écrit en une langue inconnue pour laquelle il lui fallait d'abord trouver un traducteur.
Ce mélange, ce sens des passages et des traductions d'une écriture dans l'autre constituent non seulement le c?ur palpitant de la Revue Littéraire mais encore le nerf fibré des Editions Léo Scheer dont ce numéro sera comme le miroir. Il y a, dans l'esprit même de cet éditeur, une volonté farouche de ne pas imposer une ligne éditoriale qui vaudrait comme style unique. En effet, un auteur est souverain vis-à -vis d'une collection -ou cesse d'exister comme tel. S'il est créateur, il ne peut recevoir d'aucune collection sa directive sans voir confisquées sa liberté et sa vision propre. Une ligne impose trop souvent sa destination quand un auteur ne se laissera fixer aucun chemin, écrivant d'une écriture dont le sens ne peut se soumettre au choix d'un autre sans perdre son énergie propre et déléguer les motifs de son écriture. Il n'y a pas une ligne aux Editions Léo Scheer mais un ensemble multilinéaire qui propose à la littérature son tracé d'immanence et sa capacité d'engendrer d'elle-même les orientations qu'elle conduit à coups de serpe ou de burin.
Dans un paysage où les auteurs se voient de plus en plus dirigés par des collections, soumis à cette chose curieuse qu'on appelle « l'esprit » d'un éditeur, Léo Scheer apporte au contraire un vent de diversité, un feuilletage des styles sans quoi la littérature ne serait plus qu'un objet de consommation attendu, préformé selon des modèles et des formats constituant les plus graves entraves aux choix qui s'imposent à une ?uvre, de l'intérieur et de façon immune. Il nous appartient de saluer cette originalité de la revue qui s'ouvre par la figure du labyrinthe et qui s'achève par un texte de Mehdi Belhaj Kacem où il est question de philosophie, sans que le lecteur ne se sente en peine de commencer et de finir par un passage obligé.
Il faudrait, pour être juste, donner une idée de tous les auteurs que cette revue a déjà accueillis, mais leur nombre et leur qualité sont tels que l'entreprise aurait quelque chose de Borgésien. Je vous laisse découvrir par vous-mêmes et en suivant ce lien : http://www.leoscheer.com/spip.php?urubrique16
Jean-Clet Martin le 23 févier 2012
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