L’émile, missive électronique, est un genre littéraire nouveau. Il succède au poulet, au billet, au pneumatique de jadis ; il suit, tel un sismographe, les variations de l’humeur, passe en un éclair de la colère à la joie, de la tendresse à la haine, du futile au sérieux, de l’enthousiasme au désenchantement.
De ce carquois électronique jaillissent des flèches dont l’immédiateté est exigeante : le trait doit être parfait, car il est irrémédiable. Flèches d’amour décochées aux amantes ; flèches sur l’art de vivre et de mourir destinées aux amis ; flèches au curare contre la politique française en Libye et en Syrie, les va-t-en-guerre de la droite dure et de la gauche molle ; flèches frondeuses qui criblent les quakeresses de l’imbécile ordre moral.
Un livre bigarré, bagarreur, libertaire, contradictoire.
En 2010, Gabriel Matzneff a publié aux Éditions Léo Scheer un premier tome de ses lettres électroniques, Les Émiles de Gab la Rafale.