La Rumeur des espaces négatifs emprunte la forme d’un manuel illustré pour s’attacher à la représentation photographique de la figure humaine, telle qu’elle est notamment pratiquée par des amateurs, à travers l’autoportrait « masqué » divulgé à l’occasion de petites annonces de rencontres et/ou pornographiques via magazines, journaux ou Internet.
Une façon de dévoiler son image en masquant son identité qui révèle bien plus de choses qu’elle n’en cache... prétexte pour Thomas Lélu à s’attaquer à des icônes populaires, les maculant, déplaçant les enjeux de leur médiatisation.
Ainsi à travers une typologie des masques utilisés, du simpliste au burlesque, un étrange dialogue se crée entre l’image et le texte, souvent drôle et touchant. Un dialogue au plus près de l’identité, ses doutes, sa charge émotionnelle, traduisant une vision du monde et de la vie. Chacun, le temps de la lecture, peut revêtir le mythe d’une personnalité autre, exposée, en quête de regard, de désir.
Cosmogonique, systématique, esthétique... La Rumeur des espaces négatifs est avant tout un objet ludique de va-et-vient entre un texte faussement désincarné, mimant les réflexes du « manuel », troué de digressions narratives, et des images masquées, agissant comme autant de révélateur de « je ». Le livre invente sa forme, en adéquation avec une époque au supports mouvants. Au total un roman du moi, donc, composé d’amorces de récits et d’images.