Une jeune femme quitte l’Adriatique pour Londres, où elle gagne sa vie en prêtant ses services à quelques dames - exhibitionnistes et masochistes solitaires. Un récit fragmenté en forme de jeu de " pistes " - les tracks des " tubes " musicaux dont Misty, la protagoniste, scande sa vie, ses pensées les plus intimes, ses désirs comme ses dégoûts. De femme en femme, d’un corps à l’autre, la voix de Misty se pose comme son regard, à la fois féroce, acide et brutal. Voyeurisme et psychédélisme hallucinatoire, prostitution limpide et cynisme aveuglant : un monde se dessine dans sa violente complexité, sa crudité, entre humour et colère, sans médiation consolante. Dans une prose insidieuse et violente, mêlant argot, néologismes et réminiscences enfantines, Isabella Santacroce compose un récit éclaté, démembré, où la transgression des règles, des limites, et l’absence de causes explicites qui l’accompagne instaurent un désordre littéralement déconcertant. Un périple halluciné au cœur d’une ville nommée ici Londres, ses rues, son métro et ses hôtels, mais où, comme dans le texte, les repères habituels sont bouleversés au profit d’un ordre propre. " Accompagnements " musicaux et violentes sollicitations visuelles exposent le quotidien fantasmatique et phantasmé d’une société gravitant entre discothèques et underground, consommation débridée et nihilisme : la diversité et les excès d’une contre-culture.