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La Revue Littéraire

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Défiguration Défiguration
Michel Surya
Éditions Léo Scheer


parution 3/01/2006
176 pages
18 euros
isbn 2-756100-16-1
EAN 9782756100166
code article : F65346
20,5x14
    




Roman de la mort et de l’oubli, Défiguration narre les derniers jours d’un écrivain, consacrés à l’effacement forcené de tout ce qu’il aura pu tenter de dire, d’écrire, d’inscrire. Défiguration est également un livre sur l’écriture de la Shoah, ou plutôt sur son irréductibilité à une quelconque représentation.

Dans l’isolement de sa propriété campagnarde, l’écrivain Édouard Adler, vieillissant, affaibli, aveugle, comme muré dans son propre mutisme, indifférent à la sollicitude inquiète de son frère et de sa belle-sœur, reçoit l’assistance d’un secrétaire qui est aussi le narrateur du récit. Contre toute attente, le travail de celui-ci ne consiste pas à classer ou mettre de l’ordre dans des manuscrits, mais à tout détruire consciencieusement, à la demande exprès de l’auteur, pris dans un engrenage d’agonie aussi tourmenté qu’implacable.

« Ce visage, cette pensée, Édouard Adler voulait les rendre à l’anonymat auquel ils n’auraient jamais dû se soustraire. (...) Il subissait l’existence de ses livres comme une honte qui n’eût pas dû lui survivre (ou sa honte était-elle qu’il pût survivre dans ses livres ?) »

Peu à peu, le jeune homme comprend ce qui fait le point aveugle de l’histoire d’Édouard Adler, la déportation : « Se souvenir est impossible. N’atteint pas le pire. Trahit. Mieux vaudrait l’oubli. Un complet oubli. Mais oublier aussi est impossible. On n’oublie pas plus qu’on ne se souvient. »

Englué par l’angoisse de la mémoire et de la mort, pris dans l’asphyxie d’un lieu forclos comme une tombe, le narrateur retrace les étapes de cet apprentissage de l’oubli, se muant en amour de la mort, de la mort d’Édouard Adler, obsédé par une phrase récurrente : « Ce qui devait être écrit ne l’a pas été. Ce qui l’est ne l’aurait pas dû. (...) On ne répare pas l’horreur d’avoir survécu par celle de dire comment. Il n’y a plus, pour moi, depuis, de livres qui ne trichent. »

Écrivain aveugle, lazaréen, rescapé sublime et dévasté, Édouard Adler fait songer à Kafka, Robert Antelme ou encore Robert Walser, Paul Celan, Primo Levi. L’incarnation d’une conscience écrivant, se développant dans « une littérature qui porte l’expérience de ce dont on ne revient pas, de ce qui est sans retour ».


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