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La Revue Littéraire

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Marie pleine de larmes Marie pleine de larmes
Jasques Roman



parution 17 juin 2005
48 pages
12 Euros
isbn 2-84938-038-5
EAN 9782849380383
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Un homme se rend un soir dans une maison où une chambre a été retenue pour lui. Il comprend qu’un drame s’est produit, qui a fait oublier sa venue. On le conduit tout de même dans la chambre qui lui était destinée. Dans la nuit, une femme lui rend visite. La passion qui les unit "sans que jamais leur visages se découvrent" est le prétexte de ce récit fiévreux qui est aussi une réflexion sur les liens qu’entretiennent le sexe et la mort.

La tragédie est une affaire simple et inattendue : on entre toujours dans son espace par surprise. Un homme se rend un soir dans une maison où une chambre a été retenue pour lui. Il comprend qu’un drame s’est produit, qui a fait oublier sa venue. Une mort, un suicide. On le conduit tout de même dans la chambre qui lui était destinée. Dans la nuit, une jeune femme entre, se dénude, empoigne le sexe, le plante dans son ventre : une jeune femme dont la ténèbre ne cesse à aucun moment de voiler le visage pendant qu’elle chevauche. Elle jouit puis s’en va, inconnue. Au matin, l’homme croise deux jeunes femmes, l’une est la sœur du mort, l’autre sa fiancée. Aucun signe ne distingue celle qui fut la visiteuse nocturne, et rien ne dit de quel sacrifice son sexe fut le couteau…

« Pour être dans une même nuit entrée dans sa vie et en être sortie, celle qu’il a nommée Marie n’en est pas moins restée en lui présence, présence perpétuelle, non pas souvenir ou mémoire mais bien présence absolue… »

Ce dernier mot n’est ici ni poétique ni illusoire : il est la raison d’être d’un récit qui vous jette dans un instant toujours repris, toujours renouvelé par la répétition de la Cène qu’on voudrait qualifier d’amoureuse afin de se dissimuler qu’elle fut le sacrifice au désespoir. Entre le mal qu’il fait à la morale et le bien qu’il fait à l’instant, l’acte de la jeune femme apparaît sans projet, c’est en quoi il est sacrificiel et rien d’autre.

Le narrateur reste passif et discret : il est traité en porte-sexe et non en partenaire. L’acte accompli sur lui ne veut pas communiquer avec lui mais avec la chose innommable que manifeste peut-être son sexe en introduisant l’exaltation mortelle du manque. Le narrateur comprend et ne comprend pas : il ne comprend plus ce qu’il a compris en ne résistant pas à un acte dont l’obsession perpétue le mystère.

Bernard Noël


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