Si l’on admet que la pièce qui s’y déroule s’appelle "culture" et que le public qui y assiste, qui parvient même, dans certaines conditions, à s’identifier aux acteurs sur la scène - c’est-à-dire aux "oeuvre de la civilisation" - se réclame lui-même de celle-ci, alors la question qui se pose au regard des malheurs de l’Histoire est bien de savoir quel est le sens de son intrigue. Quel est le drame de l’Europe ? Et quel est son dénouement possible, si jamais il existe ?
S’il y a bien lieu de penser qu’un spectre hante l’Europe et la hante depuis toujours, celui-ci n’est autre que le spectre de l’Europe ; c’est le fantôme qui fait corps avec son esprit, ce "phantasme" qu’elle cherche inlassablement à inscrire dans les faits, dans l’ignorance, quasi schizophrénique, de sa nature véritable, qui est d’être à jamais et pour toujours quelque chose d’irréel et d’irréalisable.